Coloriste, quel drôle de job: on ne sait même pas ce qu'il fait! - La colorisation, la coloration... Comment ça s'appelle? - "Mise en couleur" qu'on dit... - Plutôt moche comme nom! - Appelons-ça de la colo: c'est plus court, pis c'est plus rigolo! - Alcolo dites-vous? - Okay c'est pas incompatible, mais là c'est un autre sujet!
Fondamentalement, un coloriste n'est ni un peintre ni un dessinateur, ni un glandeur, cependant il est obligé d'être un peu tout ça en même temps... Un coloriste est là pour compléter le travail des dessinateurs: peaufiner ce qu'ils ont fait, mettre en valeur leur ouvrage, faciliter la lecture... Et pour faire tout ça, faut être organisé et efficace! Il y a des étapes à respecter, on ne peut pas tout faire en même temps! La difficulté: le résultat n'apparaît qu'à la fin. - Et si c'est raté? - Faut recommencer tout le processus... C'est pour ça qu'on préfère souvent travailler sur ordi! Pas besoin de tout refaire: il suffit de modifier l'étape qui va pas. - Donc c'est un technicien ou un artiste? - L'ordinateur n'est qu'un outil, savoir l'utiliser pour plaire à tout le monde, c'est là que ça devient un art... - L'art c'est de la création, donc le coloriste ne crée rien: il modifie c'est ça? - Façon de voir les choses: faire ça en amateur et sans formation, ça oblige à tout réinventer. Et il faut parfois beaucoup d'imagination pour compléter ce que le dessinateur n'a pas fait ou n'a pas indiqué! Puis qu'on soit dessinateur ou coloriste, on se rejoint tous sur une même vocation: créer la vie à partir de rien
Après cette brève introduction, si ça vous botte toujours je vous ferai un tuto digne de ce nom pour vous en montrer un petit peu plus... C'est vrai qu'il y a beaucoup d'étapes, mais justement: quelques unes sont suffisamment simples pour être déléguées facilement! Puis s'il y a des personnes motivées et qu'on s'organise bien à plusieurs, je pourrai monter en complexité petit à petit, et peut être accueillir d'autres conseils plus avisés que les miens? Je l'espère!
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Sujet du message: Re: La colo, kézako? Petit tuto?
Posté: Dim 31 Mar 2013 01:37
Inscription: Dim 26 Fév 2012 00:00 Messages: 3016
Alors c'est parti: A la carte, nous pourrons aborder différents points, présentés ci-dessous en spoiler.
Les aplats:
Il y a quelques jours nous parlions d'aplats sur le forum... De quoi s'agit-il? C'est tout simplement un procédé de colo, le plus basique. En quelques mots: on utilise une palette de quelques couleurs (généralement vives, limite criardes), que l'on étale sur de grandes surfaces, pour différencier les différents objets de la scène. Si ce travail est bien fait, tout le reste pourra être construit à partir de cette étape. Voici un mauvais exemple d'aplat (je le présente juste pour le principe):
Dessin terminé (pour comparatif)
Mais où qu'il est le dessin? Subtilité: il faut bien comprendre que dans l'ordre chronologique le dessin a été fait en premier, mais qu'en pratique il est posé par-dessus la couleur... Alors avant d'aborder la suite, voici le résultat final (publié ici semaine dernière), qui nous permettra de comparer les différentes étapes de colo:
L'acquisition du dessin:
Dessin-papier et colo-ordi, facile me direz-vous: il suffit de numériser avec un scanner, et hop le tour est joué! Que nenni! Rien n'est évident en colo... On est obligés de séparer le dessin (noir) du papier (blanc) pour insérer la couleur entre les deux, et si l'encrage n'a pas été fait par les dessinateurs, ça devient vite galère... Par exemple, nous abordions le sujet il y a quelques jours: pourquoi avoir appliqué un effet numérique (le flou gaussien) qui floute le dessin? Parce que le dessin a été numérisé! Concrètement, on ne travaille plus avec des dégradés de pigments microscopiques, mais avec des pixels qui font vite apparaître les limites du scanner et de la méthode.
Si l'image est compressée, la présence ou l'absence de flou gaussien n'est même pas visible aux yeux du lecteur:
Pour s'en rendre compte il faut y regarder de très très près (zoom SVP): saurez-vous deviner si le dessin suivant a été flouté, ou pas?
Le choix de la bonne teinte:
Et oui, toute colo bien faite peut être modifiée à volonté, pour retoucher seulement certaines parties de l'image... Par exemple je décide que la couleur du pull ne me plaît plus? Je change juste le pull, tout simplement. Simplement, mais à condition d'avoir bien fait toutes les étapes précédentes, et en particulier les aplats! Pour l'illustration j'ai décidé de retoucher toute l'image: j'espère que ça répond à la suggestion de Solidfrazer?
Relief et ombrage:
J'avoue que pour ce premier test j'avais quelque peu forcé sur l'ombre, histoire d'insister sur l'entrée en forêt (encore faudrait-il pouvoir comparer avec les cases du saut en parachute en plein ciel: cette colo n'a pas été faite à ce jour). Bien entendu une ombre trop marquée ne rend pas bien du tout à l'impression (d'où le style très "pétant" des BD franco-belges ). Donc il suffit d'insister plus ou moins sur l'ombrage pour donner plus ou moins de relief:
Perso, en général je préfère une ombre plus présente que celle-ci, mais pas aussi écrasante que dans l'image originale.
Le bon dosage:
Même une fois que c'est terminé, on peut toujours rediscuter chaque point tous ensemble, afin de déterminer ce qui rend le mieux... Chacun ses goûts... De façon générale je pense qu'il faut simplement trouver le rendu qui s'adapte le mieux au dessinateur. Voici donc un autre exemple de ce que j'aurais pu faire pour le dessin de Shadowtief, de façon à faire ressortir davantage le dessin (ici j'aime moins, mais c'est un exemple extrême: il suffit de trouver "le bon dosage" entre les deux versions ).
Le cadrage:
La dernière étape à laquelle on pense, pourtant c'est la plus importante! En colo on peut faire des dégradés sur les bords, différentes techniques (jusque-là c'est peut être ça qui donnait une impression de flou?), mais pour arrêter la couleur il n'y a pas mieux qu'un trait! Donc soit le dessinateur décide de délimiter clairement le bord de chaque zone a colorier, soit il dessine directement dans un cadre, quitte à dépasser du cadre pendant qu'il dessine: le plus important c'est de remplir tout le cadre. Toutes les fois où un dessinateur s'obstine à ne pas respecter ce cadrage, c'est au coloriste de se débrouiller comme il peut: les contours qui ne sont pas fermés, c'est comme les dessins inachevés: ce n'est pas à nous de retoucher au dessin, même pour un simple trait... Alors bien sûr, les effets dégradés ça contribue à la magie des artworks, et c'est pour ça que j'apprécie l'image que nous avons faite avec Shadowtief: pour un titre ça rend bien. Mais pour toutes les pages c'est pas trop possible, et les lecteurs se lassent plus vite de l'effet dégradé... Voilà donc l'une des raisons pour lesquelles les manga ne sont pas souvent mis en couleur (outre le rythme de dessins ultra-rapide, et les raisons économiques). L'éternel débat du cadre... On en n'a pas encore discuté Vendeta, mais je pense que t'aime pas ça toi?
Il va de soi que toute une BD faite ainsi ça ne va pas: le style européen permet une lecture facile, mais à condition de respecter le rythme: un dessin = un cadre. Après il faut savoir jouer avec les règles, de temps en temps...
Maintenant que le sommaire est à peu près établi, c'est vous qui me dites ce que vous souhaitez que je développe par ici, et j'entrerai dans le détail pour vous expliquer comment je fais
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